Trans, non-binaire ou genderqueer ? Voici des conseils pour obtenir de meilleurs soins de santé

En tant que personne transgenre, non binaire ou genderqueer, vous savez que chercher et recevoir des soins de santé est souvent associé à des expériences négatives. En tant que médecin fournissant des services liés au genre aux enfants et aux adolescents, j'ai entendu de nombreux récits d'expériences négatives de la part de mes patients et je reconnais le défi que représente le fait de s'assurer que les espaces de soins de santé sont sûrs et accueillants.

Même dans des espaces présumés sûrs tels qu'une clinique ou un hôpital, les personnes transgenres et les personnes issues de la diversité de genre sont couramment victimes d'erreurs de genre, de refus d'accepter leur identité et leur expression de genre, de malaises liés à leur anatomie et du « syndrome du bras cassé trans » (lorsque des problèmes médicaux sans rapport sont attribués à la transidentité d'un patient). On attend souvent des personnes issues de la diversité de genre qu'elles fassent preuve de résilience face aux discriminations manifestes et cachées.

Afin d'éviter les expériences négatives, j'invite mes patients à s'attendre à être traités comme des partenaires dans leurs propres soins. Voici quelques suggestions pour assumer ce rôle, dans cinq contextes de soins de santé différents.

4.8

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1. Ce qu'il faut garder à l'esprit lors d'une rencontre avec un nouveau prestataire de soins

Lorsque vous rencontrez un nouveau prestataire de soins, vous avez peut-être déjà cherché à connaître l'expérience d'autres personnes par le biais de contacts personnels, d'évaluations sur les médias sociaux ou de listes en ligne (comme celle de la Fédération LGBTI+, par exemple).

Si vous vous inquiétez de la divulgation de votre identité de genre et de votre parcours, rappelez-vous que votre sécurité, votre vie privée et votre confidentialité font partie des fondements éthiques des soins de santé et qu'elles sont légalement appliquées dans de nombreuses régions. Vous pouvez vous assurer que votre nouveau prestataire de soins dispose de tous les détails pertinents en l'autorisant à obtenir des copies de votre dossier médical.

Vous n'êtes pas responsable de l'éducation de votre nouveau prestataire de soins (ou de son personnel) en matière de santé transgenre, mais tenez compte des aspects de votre histoire personnelle et de votre parcours qui l'aideront à vous comprendre.

Si vous savez que les formulaires médicaux, les questions et les examens exacerbent la dysphorie ou déclenchent des traumatismes passés, faites part à quelqu'un de ce que vous ressentez. Les prestataires de soins peuvent avoir des difficultés supplémentaires à comprendre l'identité et l'expression non binaires ou genderqueer, mais il n'y a pas de mal à rappeler aux gens - même aux médecins - si vous êtes mal identifié ou si vous ne vous sentez pas respecté.

Faites des commentaires sur votre traitement - bons ou mauvais - dans les enquêtes de satisfaction des patients qui sont maintenant souvent en ligne ou qui vous sont envoyées après un rendez-vous. Vous pouvez donner des détails et citer le nom du prestataire de soins ou de la clinique où le traitement a été reçu. Vous pouvez même faire part de vos commentaires directement à un prestataire par l'intermédiaire du portail patient du dossier médical électronique de votre clinique - vous devez vous inscrire pour cela, alors demandez les détails lors de votre première visite. Vous pouvez vous adresser directement à un représentant des patients, dont le rôle est de veiller à votre sécurité et à votre bien-être en tant que patient. Les prestataires de soins de santé prennent vos commentaires très au sérieux, surtout s'ils font partie de grands cabinets ou de systèmes de soins de santé.

2. Ce qu'il faut garder à l'esprit dans une relation continue avec un prestataire de soins de santé

Comme toute relation, celles avec les prestataires de soins de santé doivent être entretenues. Réaffirmez périodiquement votre nom, vos pronoms et votre marqueur de genre si vous êtes en transition. Les changements de nom légal et de marqueur de genre sont particulièrement importants, car l'ensemble de votre dossier médical est lié à ces informations, de même que toute couverture d'assurance dont vous pourriez bénéficier.

Si vous n'avez pas fait votre coming-out auprès de votre prestataire de soins, réfléchissez aux circonstances dans lesquelles ces informations seraient utiles ou nécessaires dans le cadre de vos soins et d'un traitement respectueux. Par exemple, certains types de tests médicaux concernent des affections qui ne correspondent pas à votre identité, mais qui font tout de même partie de votre corps. Les informations sur les hormones et les opérations chirurgicales sont presque toujours pertinentes pour les soins médicaux en cours.

3. Ce qu'il faut garder à l'esprit lorsque l'on vous oriente vers d'autres prestataires de soins ou services de santé

Vos soins optimaux, même s'ils sont prodigués par un prestataire bien connu et digne de confiance, nécessitent souvent d'être orientés vers d'autres prestataires possédant des compétences et une expertise différentes. Il est important de demander à votre prestataire de vous expliquer le résultat attendu de l'orientation et la manière dont cela affectera votre santé à l'avenir. Renseignez-vous sur l'accueil réservé par le nouveau prestataire aux personnes transgenres et faites-lui part de votre expérience en matière d'orientation.

Les consultations peuvent également faire partie de votre cheminement en matière de genre. La chirurgie d'affirmation du genre, par exemple, peut nécessiter des lettres de recommandation de la part de professionnels de la santé mentale ainsi qu'une orientation vers un chirurgien. Dans ce cas, il est utile de communiquer à votre prestataire de soins de santé vos objectifs globaux en matière d'affirmation du genre et de veiller à ce que les références soient cohérentes avec ces objectifs. Assurez-vous que votre couverture médicale est acceptée par le prestataire vers lequel vous êtes orienté ; si ce n'est pas le cas, demandez à être orienté vers un autre prestataire.

4. Ce qu'il faut garder à l'esprit lorsque vous êtes admis à l'hôpital

Les éléments que votre prestataire de soins de santé connaît sur votre parcours de genre peuvent ne pas être communiqués à l'hôpital ; il faut donc s'attendre à ce que les questions relatives à votre nom, au sexe assigné à la naissance, au genre et aux pronoms soient réexaminées. Les documents tels que le permis de conduire et les cartes d'assurance sont importants, mais il est probable que la divulgation du sexe assigné à la naissance sera pertinente pour certains aspects de vos soins. Voici quelques exemples des raisons pour lesquelles - en particulier pour les personnes assignées à un sexe féminin à la naissance - cela peut être pertinent.

Tout d'abord, il est essentiel de discuter de la possibilité d'une grossesse si vous avez eu des rapports sexuels vaginaux avec pénétration avec une personne ayant un pénis et des testicules au cours des trois mois précédant votre admission à l'hôpital. Si vous prenez de la testostérone, il est possible (bien que relativement rare) que vous tombiez enceint·e pendant que vous prenez de la testostérone. Vous devrez peut-être aider vos prestataires en leur fournissant des informations personnelles sur votre activité sexuelle, car ils pourraient supposer que vous êtes lesbienne, ne pas poser de questions sur la possibilité d'une grossesse ou croire que la testostérone est un moyen de contraception infaillible.

Il est possible que l'on vous demande de faire un test de grossesse, même si vous n'avez aucune possibilité de grossesse. La prise en charge de la grossesse (par exemple, pour un accouchement, après une fausse couche ou pour une interruption de grossesse) pour les personnes transmasculines continue de poser des problèmes à de nombreux prestataires de soins de santé, de sorte qu'il peut être utile d'identifier un allié au sein du personnel pour expliquer aux autres que vous méritez le respect, le soutien et l'intimité, comme n'importe qui.

Les questions de confort personnel et d'autosoins, telles que le port d'une bandage de la poitrine ou les saignements menstruels, peuvent nécessiter une discussion avec le personnel infirmier ou autre, en particulier si vous avez besoin d'aide pour vous laver ou aller aux toilettes (par exemple, après une intervention chirurgicale). Là encore, vous pouvez demander et attendre les soins et l'intimité dont vous avez besoin. Certains séjours à l'hôpital peuvent être programmés entre les injections d'hormones, mais vous devrez peut-être prendre des dispositions pour recevoir votre injection - peut-être avec des hormones sur ordonnance apportées de chez vous - pendant votre séjour à l'hôpital.

5. Ce qu'il faut garder à l'esprit lorsque vous avez besoin de soins de santé urgents ou d'urgence

Les soins de santé reçus dans des établissements qualifiés de « soins urgents » ou « d'urgence » font souvent suite à une maladie grave ou à une blessure traumatique (par exemple, à la suite d'un accident de voiture ou d'une agression physique). La combinaison de la perte de contrôle, du stress, de la peur et de la douleur peut être physiquement et émotionnellement accablante.

Il s'agit de situations où vous rencontrez plusieurs professionnels de santé inconnus (que vous n'avez pas choisis) dans des espaces pas très privés. Les questions et les examens semblent répétitifs et invasifs, et peuvent indiquer un manque de compréhension de votre corps et de votre genre. Certaines personnes issues de la diversité de genre évitent de se rendre aux urgences pour quelque raison que ce soit, en raison d'expériences passées négatives et de discriminations (1).

Suggestions pour les patients en situation d'urgence médicale :

1. Aidez les prestataires à distinguer votre identité de genre du sexe assigné à la naissance.

2. Aidez les prestataires à différencier votre nom des noms figurant sur des documents tels que les dossiers médicaux ou les cartes d'assurance (même si vous considérez qu'il s'agit de noms morts).

3. Ne dissimulez pas d'informations sur votre corps, vos hormones, vos médicaments, votre consommation de substances ou vos opérations chirurgicales.

4. Vous pouvez également envisager de porter un bijou d'alerte médicale, au cas où vous ne seriez pas en mesure de fournir des informations précises. Il existe des produits qui permettent aux premiers intervenants ou au personnel médical de retrouver vos antécédents médicaux pertinents à l'aide d'un code QR ou d'un port USB, ou en appelant une ligne d'assistance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Des progrès considérables ont été accomplis pour garantir aux personnes transgenres et genderqueer des soins de santé adaptés, respectueux et confidentiels. Mais il nous reste encore beaucoup à faire. Vous ne devez pas renoncer à vos soins ou les reporter en raison de préoccupations liées à la discrimination et à la protection de la vie privée. En communiquant de manière réfléchie avec les prestataires de soins de santé et en devenant un partenaire de vos propres soins, vous pouvez continuer à favoriser votre santé et votre bien-être.